Mulhouse.- L’année France Russie est l’occasion pour le Musée de l’Impression sur Etoffes Mulhouse d'accueillir dans ses murs le Musée des arts décoratifs, appliqués et populaires de Moscou afin de proposer au public français de découvrir pour partie la richesse de sa collection textile. Reflet de l’histoire, de la culture et de la société russe, la collection du Musée des arts décoratifs offre une idée incomparable de la richesse des arts décoratifs russes au travers de productions multiples artistiques et artisanales. Au travers d’une sélection pertinente de près de 500 documents, l’exposition « La Russie en calicot » retrace l’histoire textile russe du XVIIème au XXème siècle sous les aspects les plus divers. Des réalisations artisanales du XVIIème siècle aux productions industrielles du XIXème, des tissus imprimés aux étoffes traditionnelles tissées, des toiles d’ameublement aux confections pour l’habillement, c’est un extraordinaire panorama que nous offre le Musée des arts décoratifs de Moscou.
L’exposition « La Russie en calicot » est le fruit de la collaboration de plusieurs institutions prestigieuses, le Musée des arts décoratifs, appliqués et populaires de Russie, le Musée Historique régional D.G. Bouryline d’Ivanovo et la plus ancienne manufacture d’impression russe la Manufacture Trekhgornaia. Cette dernière, encore en activité, imprime à Prohorov depuis la fin du XVIIIème siècle.
Dans l’optique d’illustrer le développement de l’industrie textile russe et l’évolution du vocabulaire ornemental, l’exposition s’oriente autour de deux grandes thématiques : d’une part, la production textile à partir du XVIIème siècle et son évolution historique, et d’autre part, plus spécifiquement, les foulards et autres imprimés réalisés dans les années 1920-1930 caractéristiques de l’esthétique propagandiste « agittki ».
Les tissus imprimés du XVIIème au XXème siècle
Dès les années 1750, certaines manufacture russes se lancent dans l’impression sur coton et sur lin. Cette première phase demeure intimement liée d’un point de vue technique aux traditions locales d’imprimerie. Mais, rapidement la production s’accroît et d’importantes manufactures voient le jour à Saint-Petersbourg, à Moscou et dans sa région, ainsi que dans la région de Vladimir avec la ville d’Ivanovo l’un des plus grands centres russes d’impression. La qualité et le coût moindre de ces toiles séduisirent immédiatement la clientèle russe et suscitèrent de surcroît un intérêt à l’étranger, notamment en Asie. La Révolution Industrielle marquera très fortement l’industrie textile russe, jusqu’à l’ériger au quatrième rang mondial, après l’Angleterre, la France et l’Allemagne. La production russe de toiles imprimées, essentiellement destinée au marché intérieur, se distingue par une esthétique particulière puisant à la fois dans le répertoire décoratif européen et asiatique.
Si les premières toiles imprimées sont généralement monochromes et dépouillées, les motifs floraux et les ornements végétaux dominent largement la création tout au long du XIXème siècle, habillant élégamment toiles et foulards. Les châles en laine imprimée provenant de Pavlov Possad, centre industriel renommé depuis 1812, illustrent parfaitement cet engouement pour les décors floraux.
Mouchoirs de cou illustrés des grands épisodes historiques ou à l’effigie d’illustres personnages, costumes traditionnels paysans et nombre d’objets témoignant des savoir-faire régionaux viennent compléter ce panorama historique.
La nouvelle esthétique des années 1920-1930
Un second volet de l’exposition est quant à lui consacré aux tissus imprimés des années 1920-1930. La Révolution arque un tournant décisif dans l’esthétique du début du XXème siècle, une influence qui ne manque pas de toucher les dessinateurs textiles et les industriels. Le pouvoir mène alors un énorme effort d’alphabétisation, d’éducation et aussi de propagande à destination des soldats et des masses populaires. Il encourage l’effervescence artistique et met les créateurs de l’avant-garde au service de la révolution par une vaste production d’œuvres ayant pour vocation le ralliement des masses aux bolcheviks. Le tissu imprimé largement diffusé devient alors un support au développement des idéologies propagandistes de l’époque. Marteaux, faucilles, soldats de l’armée rouge, mais aussi tracteurs, fragments d’hydrocentrales remplacent bientôt les fleurs et les ornements végétaux dans une esthétique totalement renouvelée. Nombre d’artistes y virent l’occasion de rompre avec la tradition et de réinventer au travers de nouvelles recherches stylistiques un vocabulaire ornemental adapté au support textile. Ainsi, les dessins de S. Tchekokine, de M. Adamovitch et de E. Rozendorf, destinés à la création de motifs textiles sont également présentés.
Dans le cadre de l’exposition, Boris Messerer met en œuvre une scénographie tout à fait inédite. Renommé pour ses créations de décors pour le théâtre, les ballets ou les opéras, cet architecte de formation a choisi d’interpréter la thématique du tissu imprimé sous l’angle d’un gigantesque patchwork. Un assemblage de calicots Chouïski (toiles imprimées de la ville de Chouïa) vient habiller l’intégralité des murs et servir de toile fond aux pièces exposées. Cette muséographie participe tout à la fois à la mise en valeur des documents historiques et crée une atmosphère propice à la découverte de cette richesse.
Parallèlement, cette collaboration offre au Musée de l’Impression sur Etoffes l’opportunité de présenter une partie de ses collections ayant trait à la Russie, qu’il s’agisse d’une production alsacienne destinée à l’exportation ou d’imprimés sur le thème des grands épisodes de l’histoire russe.
Dans le cadre de cet évènement majeur, le Musée exposera les plus belles pièces de sa collection de mouchoirs illustrés du XIXème et du début du XXème siècle. Ces documents relatent les grands épisodes de l’histoire russe (campagne napoléonienne, guerre de Crimée, guerre russo-turque, mouchoirs réalisés à la gloire des tsars et des grands souverains, expositions universelles, etc.) mais donnent également à voir un aspect plus intime de l’histoire culturelle et sociale russe (mouchoirs d’enfants, alphabet, scènes de la vie quotidienne).
Mulhouse et le Musée de l’Impression sur Etoffes constituent donc la première étape pour cette exposition qui sera par la suite présentée en Espagne, en Italie, en Grande Bretagne et aux Etats Unis et qui se clôturera lors des Jeux Olympiques d’hiver à Sotji en 2014.
Léon Bakst et les ballets russes.
Donné pour la première fois à l’Opéra Garnier, le 4 juin 1910, le Ballet de Shéhérazade conquiert Paris et renouvelle le genre du ballet. Les ballets russes marquent ainsi de leur empreinte la mode de l’époque. Léon Bakst (1866-1924), créateur de génie, collabora de nombreuses années avec Serge Diaghelev, fondateur des ballets russes, et imprima de ce fait de nombreuses mutations du décor et du costume de scène au début du XXème siècle.
Pour célébrer le centenaire de cette représentation, le Musée de l’Impression sur Etoffes accueille deux collections prestigieuses : celle de Caroline Roussel, peintre-brodeur, et celle du Centre National du Costume de Scène et de la Scénographie de Moulins, illustrant toute deux le génie créatif de Léon Bakst.
De l’esclave favori à la Sultane rose, du tambourin à Zobée, tous ces costumes d’inspiration orientale reflète le goût de Bakst pour l’art asiatiques. Les costumes présentés par le C.N.C.S dialoguent avec les œuvres brodées de Caroline Roussel, elle-même ayant dédié à partir de 1990, une partie de son travail aux créations pour le ballets russes. Séduite par le caractère direct et hardi de son dessin, mais également par l’énergie des formes et des couleurs qu’il imprimait à ses costumes, Caroline Roussel s’est attelée à en matérialiser la richesse et les contrastes saisissants. Et ce n’est pas sans moindre talent d’avoir réussi à restitué l’esprit des maquettes de Bakst, tout en magnifiant le chromatisme luxuriant.
En marge de cette exposition, D.MC organise du 26 au 28 novembre à Mulhouse au sein de ses bâtiments historiques un stage de broderie, encadré par un artiste brodeur, historien de la broderie et du costume.
Ballade russe autour de Noël
Pour cette fin d’année, ce traditionnel marché de Noël s’inspire de l’exposition « La Russie en calicot » présentée par le Musée des arts décoratifs, populaires et appliqués de Moscou.
D’un bal à la cour au Noël chaleureux dans une datcha, les mises en scène s’articulent autour d’un choix d’objets de décoration et d’art de la table destinés à réchauffer et à embellir les belles soirées d’hiver :
Châles et étoles de la Maison Pétrusse, dont deux créations inédites réalisées à partir de motifs historiques tirés des archives du Musée de l’Impression sur Etoffes, nappe et linge de table du Jacquard Français ou de Beauvillé pour illuminer vos tables, papiers cadeaux Caspari pour colorer les présents sous le sapin, assiettes et serviettes en papier raffinées, boules et décorations de Noël, bougies, cartes, vaisselle, verrerie, autres objets de décoration…
Tout un univers de cadeaux pour faire ou se faire plaisir.
Cette évocation de l’esprit russe se trouve enrichie par une présentation de costumes de scène issus de la collection du théâtre de la Sinne de Mulhouse, habitants imaginaires de cette mise en scène féerique.
Catherine Bihl, artiste textile, présente à cette occasion un ensemble d’œuvres de sa création, autant d’hommages à la musique et aux ballets russes, ainsi qu’une très belle crèche en étoffes chamarrées qui accueille les visiteurs.
plus: www.France-russie2010.fr
Musée de l’Impression sur Etoffes
La Russie en calicot
Du 11 novembre 2010 au 27 mars 2011
Commissariat général : Elena Titova
Scénographie : Boris Messerer
L’exposition bénéficie du patronage du gouvernement d’Ivanovo.
14, rue Jean Jacques Henner
68100 MULHOUSE
33+(0)3.89.46.83.00
accueil@musee-impression.com
www.musee-impression.com
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